Bien que la baie miracle soit considéré comme un nouvel aliment en Europe sa découverte est loin d'être récente ... et remonte déjà à plus de 300 ans.
Le fruit miracle est connu depuis des siècles par les peuples d'Afrique de l'Ouest d'où il est originaire. Ils l'utilisaient déjà pour améliorer la saveur de leurs plats traditionnels trop fades à leur goût.
Mais ce n'est qu'en 1725 qu'un explorateur français, Reynaud des Marchais, qui était à la recherche de nouveaux fruits en Guinée (vaste territoire à l'époque comme on le voit sur la carte ci-dessous datant du XVIIIème siècle) , découvrit que les tribus locales y consommaient le fruit miracle et en rapporta les propriétés en Occident.
Malgré ses qualités, il ne sera pas importé en Europe à cette époque, trop difficile à cultiver et périssable rapidement. La plante tombe dans l'oubli et ce n'est que plus d'un siècle plus tard, en 1852, que le botaniste W.F. Daniell redécouvre ses propriétés et nomme la plante Fruit Miracle.
Il faudra attendre la fin des années 1960 pour en en entendre à nouveau parler. En 1968 exactement quand un scientifique japonais, le professeur Kenzo Kurihara, publia ses recherches sur le fruit miracle dans la revue prestigieuse Science.
Il est le premier à avoir identifié la protéine à l'origine de l'incroyable pouvoir du fruit, transformer le goût acide en goût sucré. Il nomma en toute logique cette molécule la miraculine.
Au moment où le pouvoir de la miraculine a été dévoilé dans les années 70, un entrepreneur américain, Robert Harvey, a tenté de la commercialiser aux États-Unis. Mais il n'a jamais pu le faire, l'administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments, la FDA (Food and Drug administration) l'en a empêché sous prétexte que l'entreprise n'avait pas réussi à prouver que la miraculine n'était pas potentiellement dangereuse et qu'il fallait effectuer plus de tests pour s'assurer de son innocuité.
Etrangement, la FDA autorisait au même moment l'aspartame et a été pour cela accusée d'avoir pris sa décision sous la pression des lobbys du sucre.
Un très bon reportage diffusé fin mars 2016 sur D8 a largement enquêté sur ce sujet, vous pouvez revoir ce reportage en cliquant ici ou lire notre résumé concernant cette affaire en cliquant ici.
Mais le mécanisme de la plante reste encore flou à cette époque et les chercheurs ont encore du mal à décrypter le fonctionnement de la molécule.
Il faudra attendre les années 2000 pour qu'une équipe de chercheurs, japonaise une nouvelle fois, aidée par un scientifique français, Loïc Briand, directeur de recherche du Centre des Sciences du goût et de l'alimentation de l'Université de Bourgogne, à Dijon (CSGA) dévoile ses travaux de recherche sur le fonctionnement de la miraculine.
Dans cette étude, les chercheurs démontrent que la protéine qui se trouve dans la pulpe du fruit se fixe aux récepteurs du goût sucré sur la langue. Avec son ph neutre, elle bloque dans un premier temps ces récepteurs, mais une fois en contact avec un ph acide, c'est-à-dire en mangeant un citron par exemple, elle déclenche l'activation de ces récepteurs du goût sucré et masque l'acidité.
Les effets peuvent durer de 30 minutes à 2 heures environ avant que la salive naturellement estompe les effets.
Si la commercialisation du fruit miracle a été retardée par les actions de la FDA, il n'a cependant pas été totalement interdite aux USA. On peut la commercialiser ou la consommer à partir du moment ou la baie miracle n'est pas mélangé à d'autres igrédients.
Le fruit miracle connait un succès plus ou moins grand selon les autres pays. Le Japon l'a autorisé de façon tout à fait officielle depuis de nombreuses années. La Synsepalum dulcificum est d'ailleurs rentré officiellement au Japon dans la composition de médicaments destinés aux malades de cancer.
Alors qu'il est la star des soirées branchées de New York et fait l'objet de recherches intensives au Japon il se fait plus discret en Europe ... pour la simple est bonne raison que sa commercialisation est strictement interdite chez nous.
D'une manière simplifiée la Synsepalum dulcificum (baie miracle) est autorisée partout dans le monde sauf dans l'Union Européenne.
Voir notre article à ce sujet : la baie est-ce légale ? non !